Enseignante depuis 33 ans, j’ai vécu de nombreuses évolutions de ma pratique, en particulier grâce à la fréquentation de publics dits à besoins spécifiques, élèves à haut potentiel intellectuel parfois en échec scolaire ou raccrocheurs scolaires.
Mais un changement important de vision est intervenu pour moi lorsqu’il m’a été donné de participer à l’équipe de direction d’un établissement scolaire en tant que responsable d’un dispositif pédagogique. Dans ce cadre, j’ai bénéficié d’une formation en coaching selon la pédagogie Coach and Team développée par Vincent Lenhardt inspirée de l’école Palo Alto et en particulier de L’élément humain du psychologue américain Will Schutz (1994) dont l’objectif principal est d’humaniser l’entreprise. J’ai découvert à cette occasion un champ alors aveugle pour moi qui étais formée aux lettres classiques, celui des sciences de la gestion et du management. Cette formation s’est conclue par l’obtention d’une certification de Coach et Team Builder en 2015.
Si le champ d’application privilégié de ces pratiques était l’entreprise, pour l’accompagnement de personnels ou d’équipes, il m’est rapidement apparu que les concepts découverts à cette occasion et les pratiques développées, le travail sur la posture, la facilitation des dynamiques d’équipes de travail, pouvaient être utiles également dans le contexte de l’enseignement et que de nombreux ponts pouvaient être établis entre les sciences de la gestion et celle de l’éducation, bien que l’idée puisse sembler a priori iconoclaste dans une vision sanctuarisée de l’école.
En effet que ce soit sur le plan de l’accompagnement personnel qui constitue une dimension importante du travail pédagogique ou sur le plan de l’accompagnement de collectifs, équipes enseignantes où des groupes d’élèves, la recherche de l’épanouissement personnel au travail ou de l’efficacité collective est centrale.
Dans le cadre de mes activités de directrice du CEPEC et de formatrice au CEPI, centre d’études pédagogiques ignatien, fondé en 1947 par Pierre Faure, concepteur d’une méthode pédagogique inspirée de l’École Nouvelle, l’enseignement personnalisé et communautaire, j’ai pu depuis 2015 animer des formations pour des enseignants de l’enseignement privé sous contrat sur l’intelligence collective et sur la coopération dans la classe. Celles-ci ont généralement reçu un grand intérêt.
Il existe de nombreuses études qui postulent l’existence d’intelligence collective dans un groupe de travail. Elle est souvent souhaitée, préparée, facilitée par la mise en œuvre de conditions favorables, son émergence est parfois constatée par les résultats produits mais parfois aussi elle n’advient pas. Rien ne se passe, ou pire ce qui advient est vécu comme un échec, une aporie, une régression.
Il demeure par conséquent autour de ce concept à définir beaucoup d’interrogations.
C’est dans ce cadre de réflexion que j’ai initié ce travail de doctorat afin d’explorer plus avant ce concept d’intelligence collective, et de le mettre à l’épreuve d’une recherche universitaire.